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09 Apr 2016

Les diamants de Léo

« Regarde, Maman ! s’exclame Léo émerveillé. Y’a des diamants sur le bateau !

– Des diamants ? interroge sa mère. Où ça, mon chéri ?

– Là ! répond le bambin en désignant les amarres d’un vieux bateau de pêche.

– Oh ! s’amuse la mère. Ce ne sont pas des diamants, mon chéri ! Ce sont des stalactites !

– Qu’est-ce que c’est des galaxiques ?

– Non, pas des galaxiques, Léo, ricane la mère, des stalactites. Répète après moi : sta

– sca.

– Non, mon chéri, pas sca ! Regarge bien mes lèvres. Sta

– Sta. reprend Léo.

– Bien, continuons. Lac

– lac. répond Léo en écho.

– Bravo Léo ! Et enfin tite.

– tite. dit Léo triomphant.

– Très bien. Stalactite.

– Spalatique ! »

La mère éclate de rire.

« C’est quoi des spalatiques, Maman ?

– Et bien, ça se produit quand il fait très froid, comme aujourd’hui. L’eau tombe et l’air très froid la transforme en glace. Et il existe aussi des stalagmites. Ils montent vers le ciel ! Tite pour tomber, et mite pour monter. »

Le petit garçon réfléchit un moment et regarde sa mère en fronçant les sourcils.

« Tu dis n’importe quoi, Maman !

– Mais si, mon chéri, je t’assure !

– Mais non ! C’est impossible Maman. Tu sais, le noyau terrestre attire les objets vers le bas. C’est pour ça qu’on peut pas flotter dans l’air ! »

La mère sourit, épatée par le savoir de son petit garçon.

« Oui, Léo, c’est vrai, mais … Et puis, c’est pas grave, mon chéri. Tu as raison. »

Le petit garçon fait un grand sourire. Pour une fois, c’est lui qui a appris quelque chose à sa maman !

09 Apr 2016

Chasseur de primes

Après des semaines de recherches, je venais enfin de mettre la main sur Billy Lefort, le tueur recherché dans tous les États-Unis. J’avais parcouru le pays à la recherche de ce meurtrier multi-récidiviste. Ce monstre sévissait, tuant à tour de bras. Je le vis avancer vers moi. Il me regardait, un sourire carnassier aux lèvres. Il mâchait un chewing-gum.

« T’es venu m’défier ?

– Je suis venu t’arrêter ! répondis-je. Ta tête est mise à prix pour 5000 dollars. J’aurais ta peau. »

Il éclata de rire. Je ne le quittai pas des yeux.

« T’es bien jeune pour mourir ! ricana le monstre. Tant pis pour toi !

– C’est c’qu’on verra ! »

J’avançais ma main près de la crosse de mon arme et fis une rapide prière. Mon adversaire se mit également en position. Il ne quittait pas son sourire de défi. Il cracha son chewing-gum.

« T’es prêt ? demanda-t-il en armant son arme. »

Si je devais mourir ce soir, j’essaierai au moins, qu’il parte avec moi. Un silence pesant s’imposa autour de nous. Un vent glacial nous encercla. Je me concentrai au maximum. J’armai mon revolver et le replaçai dans son étui. Mon cœur battait à tout rompre. Un sentiment de panique m’envahit. Ce monstre avait raison. Vingt-deux ans, c’est bien trop jeune pour mourir. Je voulais reculer, mais mon honneur me l’interdisait. Je devais aller jusqu’au bout.

« Prêt ! »

En un instant, ma main se posa sur la crosse. Je sortis le revolver et tirai. Mon adversaire fut touché en plein cœur et s’écroula. J’allais crier victoire, quand une balle me frappa dans le ventre, déchirant ma chair. Je m’écroulai à mon tour. La brûlure s’insinua dans tout mon être. Je hurlai de douleur. Mon sang afflua, inondant ma chemise. Je sentais l’odeur du sang et la mort s’approcher à grands pas. Ma vie entière défila devant mes yeux. Je revis les prairies de mon enfance et les champs de coquelicots où j’aimais courir avec la belle Suzie. L’année précédente, la douce jeune fille avait épousé, contre son gré, le fils d’un marchant de whisky. Ce mariage arrangé, par leurs parents respectifs ne les satisfaisait guère mais ils n’avaient pas eu le choix. Par dépit, j’étais devenu chasseur de primes et Billy Lefort était ma dernière mission. Ma vie était finie, je le savais. Mais au moins, le monstre était mort avec moi. J’étais sa dernière victime mais le monde serait libéré de ce tueur sanguinaire. Je partais en héros. Je sentis le goût du sang dans ma bouche. Un filet rouge glissa le long de mon menton.

« Je l’ai eu ! » murmurai-je, avant de fermer les yeux pour toujours. »

A quelques pas de là, Billy Lefort se releva. Il sortit une montre à gousset de la poche de sa chemise. Elle était trouée d’une balle.

« Je dois reconnaître que t’es un bon tireur, p’tit ! Mais Billy Lefort est trop malin ! »

09 Apr 2016

Repas de famille

« Mathieu, Laura, appela la mère depuis le salon ! On passe à table ! »

Pas de réaction !

« Chéri, appelle les enfants, demanda-t-elle à son mari.

– A table, cria le père ! »

Les deux adolescents dévalèrent les escaliers.

 

« Allez vous laver les mains, continua-t-il avant qu’ils n’investissent la table.

– Oui P’pa, répondirent les deux jeunes en chœur, se dirigeant vers la salle de bain. »

Ils revinrent quelques minutes plus tard et s’installèrent à table.

« Chéri, passe-moi la soupe, dit le père !

– Oui, mon amour, répondit sa femme en lui tendant la soupière. »

Ils commencèrent à déguster la soupe de légumes que la mère avait cuisinée.

« Ta soupe est très bonne, Maman, dit Laura.

– Merci ma grande ! Chéri, qu’en penses-tu, demanda-t-elle à son époux ? »

Il ne répondit pas, avalant le contenu de son assiette de gestes lents, cuillère après cuillère.

« Les enfants, j’ai quelque chose à vous annoncer, dit-il au bout d’un moment. Dans 3 mois, je serai Directeur.

– Chéri ! C’est merveilleux, s’enthousiasma son épouse !

-P’pa, c’est génial, dirent en chœur les deux jeunes.

– Je n’ai pas fini ! C’est un poste de Directeur National à Paris !

– Paris, interrogea son épouse ? Mais mon amour, tu ne peux pas nous imposer cela ! Et mon travail ? Et mes amis ? »

Elle resta silencieuse un moment comme si elle cherchait ses arguments.

«  Et les enfants, reprit-elle ? Ils n’ont peut-être pas envie de partir pour la capitale !

– Je pars seul, coupa l’homme. »

Tous les regards se tournèrent vers lui. Ils s’arrêta de parler un moment. Plus un bruit. Le silence se fit oppressant. Il se radoucit.

« Les enfants, vous avez le choix ! Ou vous restez avec votre mère, ou vous venez avec moi.

« Mais Chéri, dit la mère angoissée ! Qu’est-ce que tu racontes ? Tu veux me quitter ?

– Papa, tu peux pas faire ça, dit Mathieu !

– C’est stupide, reprit Laura ! Vous n’allez pas vous séparer ! Vous vous aimez, non ? »

Le père resta silencieux. Il fixa son épouse longuement. Celle-ci semblait plongée dans ses pensées. Elle ne disait mot. A quoi pouvait-elle bien songer, se demanda-t-il ? Heureusement qu’elle n’avait pas réagi plus que ça. Il l’aurait giflée.

« Votre mère a un amant depuis 6 mois, lâcha-t-il enfin.

La femme lâcha sa fourchette. Elle pâlit.

« Quoi, demanda Laura ?

– C’est vrai, M’man, reprit Mathieu ?

La mère resta silencieuse. Le rouge envahit son visage. Elle n’avait pas besoin d’acquiescer, sa réaction parlait d’elle-même.

« Tu croyais que je l’ignorais, n’est ce pas, dit son mari mielleux. Ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire la grimace ! »

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